Mozambique
Le groupe Etat islamique (EI) a affirmé pour la première fois être impliqué dans des combats récents avec l’armée mozambicaine dans le nord du pays en proie à une insurrection islamiste sanglante depuis fin 2017, ce que les forces de sécurité du Mozambique ont catégoriquement démenti mercredi.
Depuis un an et demi, l’extrême nord du pays, à majorité musulmane et riche en gaz, est le théâtre d’une vague de violences attribuées à des radicaux qui prônent une application stricte de la loi islamique. Plus de 200 personnes ont été tuées, notamment à la machette, ou brûlées vives lors de raids sur des villages et d’embuscades sur les routes.
L’identité et les motivations des assaillants, qui n’ont jamais revendiqué leurs actes, restent une énigme.
Mais dans un communiqué traduit mardi soir par le SITE Intelligence Group spécialisé dans la surveillance des sites internet islamistes, le groupe EI a revendiqué, pour la première fois, opérer au Mozambique.
“Les soldats du califat ont pu repousser une attaque de l’armée mozambicaine des croisés dans le village de Metubi”, dans le nord du Mozambique lundi, a affirmé le groupe EI. “Ils les ont affrontés avec une variété d’armes, tuant et blessant un certain nombre d’entre eux (….). Les moujahidine ont saisi des armes, des munitions et des roquettes comme butin”.
La police mozambicaine a démenti ces affirmations. “Les informations (de l’EI) ne sont pas vraies”, a déclaré mercredi le porte-parole de la police, Orlando Mudumane. “Les forces de sécurité sont positionnées sur l’ensemble du territoire” mozambicain pour “mener plusieurs opérations afin d’assurer en permanence la sécurité”, s’est-il borné à dire.
L’armée et la police ont nettement musclé leur présence dans la province du Cabo Delgado (nord), théâtre des attaques attribuées aux islamistes, afin de les mettre hors d‘état de nuire. Jusqu‘à présent en vain.
Pour le seul mois de mai, le mystérieux groupe désigné par la population locale sous le nom de “al-shabab” – “les jeunes” en arabe – a tué au moins 40 personnes, blessé des dizaines d’autres et incendié des centaines de maisons, selon un comptage de l’AFP.
“Propagande”
Aucune source indépendante n’a pu confirmer ou infirmer mercredi un affrontement en début de semaine entre l’armée et les islamistes dans le village de Metubi.
Les informations dans le nord du Mozambique sont très difficiles à obtenir, compte tenu notamment de la répression dont sont victimes les journalistes dans la région de la part des autorités mozambicaines.
Mais des experts interrogés par l’AFP ont dénoncé une “propagande”.
“Il est normal d’entendre une telle revendication”, a estimé Fernando Jorge Cardoso (Institut universitaire de Lisbonne). “C’est bon pour l’EI parce qu’ils disent qu’ils s‘étendent, et c’est bon pour le groupe (au Mozambique) parce qu’ils sentent qu’ils font partie d’un mouvement plus grand. C’est de la propagande, mais cela a du sens”.
Cette revendication “ne signifie pas” en tout cas “qu’il y a eu un déplacement de personnes ou d’hommes armés” vers le Mozambique, a-t-il souligné.
“L’Etat islamique n’est pas au Mozambique, (…) mais il a peut-être des liens au Mozambique”, a complété un autre expert sous couvert de l’anonymat.
Dans son communiqué, l’EI fait une grossière erreur géographique, a-t-il relevé. Le groupe affirme que le village de Metubi, où se seraient produits les affrontements, se situe dans la région de Mocimboa. Or, Metubi se trouve dans le district de Quissanga, à une centaine de kilomètres de Mocimboa.
La date de publication du communiqué n’est pas anodine, a ajouté l’expert. Elle coïncide avec l’Aïd, marquant la fin du mois du jeûne musulman du ramadan.
Depuis la disparition de son califat physique autoproclamé en Syrie et en Irak, le groupe EI tente de compenser par une présence accrue sur internet, selon les analystes.
“Au moment où ils ont perdu leur Etat, leur armée, leur administration, l’EI essaie de montrer qu’il a des liens avec des groupes d’un peu partout dans le monde. Ils ont toujours un site internet et ils essaient de dire On n’existe plus, mais maintenant on est partout. Mais dans le fond, c’est purement de la propagande”, a estimé le second expert.
AFP
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